lundi 1 juin 2015

Vice-Championne du Monde!

Alors que, jusque là, les mondiaux ne tenaient pas une grande place dans mon esprit, j'ai commencé à y penser nuit et jour dès le début du mois de mars. De fait, jamais je ne m'étais préparée ainsi pour une couse, tant au niveau des charges d'entraînement que sur le plan de mon hygiène de vie, qui est devenue quasi monastique à partir du mois d'avril :-)
De fait, toute cette préparation, si rigoureuse, a commencé à devenir pesante et il me tardait que le jour J approche.
Les jours précédant le grand événement, j'étais partagée entre confiance et appréhension, car je craignais un coup du sort de dernière minute, comme l'infection qui m'avait coupé les jambes aux Templiers fin 2014. Mais la veille de la course, je suis pleinement rassurée puisqu'il me semble être en forme!
C'est donc assez détendue que je vais me coucher tôt, pour un réveil plein d'enthousiasme vers 1h45. Après un bon échauffement, je suis fin prête sur la ligne de départ.
Très concentrée, je suis "dans ma bulle"

Au départ, je reçois des gravillons dans les yeux et manque de chuter. Je me reprends, un peu groggy, et m'efforce d'être à l'écoute de mes sensations pour trouver la juste limite entre le trop vite et le trop lentement.
La montée au Semnoz se passe bien, je suis plus ou moins avec Anne-Lise et Nathalie. Au sommet, je constate que j'ai plus de 8 mn d'avance sur mon temps 2014! Je suis réjouie mais sais que le plus dur reste à faire! Ravito express, je prends les bâtons, pose la frontale (Après un peu d'hésitations car il fait sombre) et entame la descente. Je ne tarde pas à doubler Anne-Lise mais nous allons rester au contact encore 5 ou 6 bons km. Nathalie est juste derrière moi. Dans la montée de la Cochette, je creuse un peu l'écart: je pense que mes bâtons sont un bel avantage, car les chemins sont parfois boueux! Jusqu'à Doussard, la course se passe très bien, même si j'aurais souhaité attaquer plus en descente; mais je crains une chute fatale, donc je reste prudente.
A Doussard, contente de constater que j'ai 20mn d'avance sur mes temps 2014!
A Doussard, Pascal Balducci m'annonce que je n'ai que 2 mn d'avance sur Nathalie. Je prends donc moins de temps que prévu pour me ravitailler et fonce vers la montée de la Forclaz. Cette montée se passe au mieux, puisque je cours quasiment tout du long. (Je vais d'ailleurs creuser un peu l'écart, qui passe à 4mn). A Montmin, je rejoins Sangé Sherpa, qui m'encourage gentiment. On va se suivre un bout de temps. Je me sens toujours bien mais suis moins tonique sur les relances: je le vois bien puisque Sangé me distance toujours à ces moments là, tandis que je le rattrape dès que la pente s'élève. Mon premier "coup de barre" arrive sous le col des Frêtes. J'ai un peu mal au ventre et la tête qui tourne. J'appréhende donc la descente qui suit. Elle se passe finalement plutôt bien mais je me rends bien compte qu'elle ne me permettra pas de creuser l'écart. De fait, c'est dans les pistes larges et vallonnées qui mènent à Menthon que Nathalie va combler son retard; je perds une précieuse minute à remplir de l'eau et à faire une pause-pipi et c'est ainsi que, lorsque je sors du ravito de Menthon, j'aperçois Nathalie qui rentre. 
Je fais l'erreur de trop me charger en eau et peine à relancer et c'est ainsi qu'elle me double un peu avant Bluffy. Je suis anéantie!
Sous le choc, alors que je viens de me faire doubler

De fait, Nathalie réalise un superbe coup de bluff puisqu'elle accélère prodigieusement, me donnant ainsi l'impression que je n'ai aucune chance de la suivre, alors qu'une fois hors de vue, elle va bien ralentir l'allure. Belle leçon de tactique de course!
J'essaie de rassembler toutes mes forces physiques et morales pour continuer à accrocher la victoire mais, la fatigue n'aidant rien, je n'y arrive plus. Le coeur n'y est plus.
La montée au Veyrier ne me paraît pas trop longue, même si je suis dans une sorte d'état dépressif. On m'annonce près de 4mn d'écart au sommet. Je m'efforce de rassembler toute mon énergie physique et mentale pour faire une belle descente.
Concentrée et fatiguée, je n'ai pas le temps d'apprécier le panorama :-)
Malheureusement, à peine la descente commencée, une douleur au dos apparaît, qui me gêne beaucoup. Puis ce sont les vertiges. J'opte alors pour la prudence: vaut mieux finir 2e que ne pas finir du tout!
Arrivée au lac, mon voisin m'annonce 1'35 d'écart sur Nathalie. Abattue, épuisée, je termine lentement et finalement, je suis à 2'22.
Enfin l'arrivée!

A l'arrivée, je suis partagée entre joie et abattement. Joie de ce titre de Vice-Championne du monde, de ce chrono incroyable (42 mn de mieux qu'en 2014; soit-dit en passant de quoi monter sur le podium masculin de la Maxi-Race open).
Mais aussi beaucoup de déception: 2 petites minutes et c'est le titre mondial qui m'échappe, alors que je commençais à y croire. Je sais aussi que, dans le monde du trail, on ne parle bien souvent que de la première fille et que ces 2 mn vont faire toute la différence.
Avec la championne du jour, qui m'a impressionnée par sa ténacité. Bravo Nathalie!

Lorsque j'accueille l'espagnole Maité Mayora Elizondo, que j'admire depuis longtemps pour ses belles performances, je suis touchée par ses larmes de joie.
Le podium du jour
Plus tard, viendront les podiums avec un beau titre par équipe.


Au final, je pense que j'ai accompli une course exceptionnelle, repoussant un peu plus loin mes limites physiques et mentales. J'ai appris beaucoup sur moi-même et suis heureuse d'avoir eu la chance de vivre de pareils moments!
Un immense merci à Luc, mon mari, pour son soutien sans faille, à mes enfants qui m'apportent leur énergie et leur joie de vivre, à mes parents, pour les mêmes raisons, à Philippe Propage pour avoir été tout simplement formidable, à Pascal Balducci pour ses conseils avisés et à Hoka, pour le soutien matériel et moral!

2 commentaires:

  1. Un grand bravo Caroline pour cette très belle course! Il est vrai que Nathalie est impressionnante mais même si tu es juste derrière, on te voit si souvent à l'avant des courses qu'on n'est pas prêt d'oublier ton nom! Les traileuses et traileurs français peuvent être fiers de leurs filles! Encore bravo!

    RépondreSupprimer