Quinze
jours avant la Transgrancanaria, je décide, un peu sur un coup de
tête, de m'inscrire au Trail du Ventoux. Je sais bien que ce n'est
guère raisonnable, en termes de récupération ou de préparation
pour le MIUT, mais une fois que j'ai ce projet en tête, rien n'y
fait, j'y tiens absolument ! J'avais vraiment adoré le parcours
en 2014 ; d'autre part, le fait que la course féminine soit
très relevée me remplit d'enthousiasme et de motivation ! Bien
sûr, je crains un peu de me faire laminer, sur un format rapide,
avec des filles rapides, et en sortant d'un ultra, sur lequel j'ai
orienté toute ma préparation hivernale. Mais depuis un an, j'ai pas
mal travaillé sur mon ego et ma confiance en moi, et c'est donc sans
nervosité ni appréhension que je fais route vers Bédoin dès le
vendredi soir. Nous partons en Camping-Car, dans une belle ambiance
puisque mon mari a amené un très bon copain avec lui, pour faire du
VTT.
Samedi
matin, pendant que les hommes partent pour un tour monstrueux à VTT,
je vais randonner sur les crêtes du Ventoux avec ma chienne. Il fait
beau, le paysage est magnifique, mais je constate qu'il reste
beaucoup de neige !
L'après-midi, je tombe comme une masse pour
une sieste de plus d'une heure : les Canaries ont laissé encore
quelques traces apparemment :-)
Dimanche
matin, je me réveille à 6h15 ; je pensais avoir une marge
monstrueuse en mettant le réveil si tôt, mais finalement, je n'ai
pas le temps de faire un échauffement aussi complet et aussi long
que ce que j'aurais souhaité, compte tenu du fait que la course va
forcément partir très vite ! Je me sens plutôt en forme, mais
il fait un froid de canard ! Je regrette de ne pas avoir pris
des petits gants fins.
8h05,
top départ ! Cela part assez cool sur 500m, puis le rythme
s'accélère sensiblement. Je suis rapidement distancée par
Anne-Lise Rousset et Céline Lafaye… et un paquet de concurrents
qui vont vite sur le plat. Certains soufflent déjà tellement fort
que c'est un peu inquiétant, après 2 km de course !!
Dès
que le chemin monte, je me sens plus dans mon élément. J'essaie
d'éviter d'être en « mode ultra » et choisis plutôt le
rythme « juste-au-dessous-de-l'asphyxie », ce qui est
moins confortable mais gratifiant, puisque je remonte des wagons de
concurrents… jusqu'à bientôt apercevoir Céline Lafaye !
Quelle surprise ! J'oublie toute prudence et la double, puis
accélère pour tenter de creuser l'écart, passant de ce fait au
mode « asphyxie complète » ! On nous annonce alors
Anne-Lise à 25 secondes, ce qui est très rassurant. Je ralentis un
peu, pour retrouver une allure plus confortable et fais surtout
attention à avoir une foulée efficace et économique, dans ce joli
single-track montant/vallonné, qui passe parfois en bord de falaise.
Bientôt,
je me retrouve juste derrière Anne-Lise, puis la double, peu avant
de rejoindre une piste descendante. Elle me repasse alors comme une
fusée, me reprenant 300m en moins d'1 km ! J'admire sa foulée
aérienne et légère. Mais voilà que survient une côte bien raide,
qui me permet de la rattraper rapidement puis de la distancer.
S'ensuit
une longue montée assez technique, avant de rejoindre la neige.
Seule en tête, je peine à retrouver le goût de vraiment pousser la
machine et je m'installe dans un rythme plus confortable, même si
régulièrement, j'essaie de m'exhorter à accélérer, sans grand
succès. Heureusement, des concurrents hommes m'entourent et c'est
motivant. On rejoint une piste enneigée, que l'on emprunte sur 2 ou
3 km. Je n'avance pas, peine à trouver mes appuis, c'est très
pénible. Heureusement, les organisateurs ont tracé un fabuleux
sentier tout raide dans la neige : je m'y fait plaisir, le
soleil brille enfin et la vue sur le sommet est incroyable. Encore un
peu de piste enneigée (et ventée), et on rejoint le sommet. On
longe sur 3-4 km l'arête sommitale dans la neige, c'est assez
fastidieux. Je me fais doubler comme une bombe par Sangé Sherpa.
Enfin, on atteint des sentiers plus secs en face sud. Je commençais
à en avoir bien marre de courir un trail blanc !!
La
suite de la course sera pour moi un grand moment de bonheur : de
superbes descentes majoritairement monotraces, quelques courtes
montées, toujours belles et, comme cela fait bien longtemps que j'ai
quitté la zone d'inconfort respiratoire, je savoure le plaisir de
courir, d'essayer d'aller vite et d'être économique.
Bientôt,
on rejoint les coureurs du 26 km qui, globalement, font bien l'effort
de me laisser passer.
J'ai par contre la malchance d'être prise dans
un bouchon à l'approche d'un tunnel qui passe sous la route.
Personne ne veut me laisser passer, malgré mes protestations :
c'est rageant de perdre une bonne minute à cause de cela, alors que
tout au long de la course, j'ai tenté de gagner chaque précieuse
seconde !!
Je
finis enfin par m'extirper de ce tunnel et tente d'accélérer, pour
rattraper le temps perdu. Une dernière petite montée/descente et
puis c'est l'arrivée, en 4h30. Je suis vraiment contente de ce beau
résultat, d'autant plus qu'il est inattendu. Bravo à l'organisation
pour cette belle course, mais aussi à tous les coureurs qui,
j'espère, ont pris autant de plaisir que moi à fouler les sentiers
du « Géant de Provence ».