lundi 28 septembre 2015

Trail des Aiguilles Rouges: une superbe journée!

J'ai décidé de m'inscrire au TAR peu après avoir opté pour une participation au Grand Raid de la Réunion: il me fallait une course de préparation, me permettant de me tester sans bâtons, sur un terrain raide et cassant, une course belle, me permettant de passer un bon moment, mais sans enjeu, afin que je ne sois pas forcée de me préparer spécialement. En effet, ayant repris un entraînement sérieux mi-septembre, il me semblait important de pouvoir bien charger les deux semaines suivantes, sans avoir à trop me reposer en vue d'une course.
Dans tout ça, j'ai un peu sous-estimé la fatigue induite par l'UTMB+ma rentrée+la famille, car je prends tout d'un coup conscience, la veille de la course, que je suis épuisée et que j'ai tout sauf envie de me tirer dessus. Mais le temps s'annonce beau, le parcours superbe et mon objectif premier est de me faire une sortie longue, donc je pars pour Chamonix en me fixant pour but de prendre un maximum de plaisir sans pression.
Je retrouve Helen Blatter, de Suisse, qui va me faire l'assistance, on est ravies de bavarder un moment. Quand le réveil sonne, je n'ai aucun entrain, ce que vont me confirmer mes premières foulées de mon maigre échauffement: j'ai l'impression que mon corps n'a aucune envie de se mettre en mode course et qu'il ne comprend pas ce que je lui impose.
Je m'étais exhortée à y aller cool, mais dès le départ, j'oublie toutes mes résolutions et je fonce comme si j'avais un animal à mes trousses: vu ma forme du jour, je suis asphyxiée avant même d'avoir quitté Chamonix. Je me fais doubler par des hordes de gens, dont Andrea, Marjorie, Delphine et Charlotte. Au bout de 3 km, je n'en peux plus, notamment parce que les gens qui me doublent ont tous l'air d'avoir un peu pitié de moi: je ne compte plus les "Allez Caro", "Allez numéro 1" (Eh oui, le dossard 1 est un peu lourd à porter quand on  n'avance pas..). Ce soutien est très gentil, mais je commence à avoir honte de moi. Me laissant momentanément dominer par mon égo, j'ai presque envie de jeter l'éponge, tant la honte me submerge. Mais il fait nuit noire, j'ai ma journée  pour moi, il fait beau, le parcours me plaît, alors je me dis que je serais bien bête, par fierté, de ne pas continuer, alors que je ne suis ni blessée ni malade. Tant pis si je finis loin derrière, l'essentiel est de prendre du plaisir. Je ralentis donc assez nettement le rythme et je me sens tout de suite mieux. C'est donc à une allure confortable que je monte vers l'Index et je savoure les paysages éclairés par la pleine lune. Au bout d'un moment, je cesse de perdre des places et commence à en gagner. Derrière moi, un long serpentin de frontales me rassure sur le fait que, contrairement à mes craintes, je suis assez loin de la dernière place.
A l'Index, Helen m'encourage et me donne une flask. Comme il fait un froid de canard, je bois peu et mange encore moins. Peu avant le Col Cornu, l'aube se lève, dans un paysage d'une beauté renversante. S'ensuit une traversée assez périlleuse au-dessus du superbe lac Cornu: les pierres sont toutes gelées. Je double alors pas mal de concurrents, un peu moins à l'aise dans ces terrains pierreux.
Dans la descente qui suit, je constate que, quand le souffle manque, ce n'est pas seulement gênant en montée mais aussi en descente: là aussi, je suis obligée de ralentir un peu par rapport à mon rythme habituel.
Dans la montée vers le Col du Brévent, je rejoins Marjorie, qui est alors 2e féminine. Après un court passage sur de la neige un peu gelée, on attaque une longue descente au cours de laquelle je vais passer 2e. S'ensuit une montée en pente douce (dans laquelle je suis peu capable de courir, à mon grand regret), vers le refuge de Moede-Anterne, éclairé par une lumière incroyable.


Passer au soleil est merveilleux, après plus de 4h dans l'ombre. Le spectacle de la mer de nuages ainsi que des sommets baignés de soleil est fantastique. Entre Moede-Anterne et le début de la descente sur Servoz, les chemins sont féériques et je suis extrêmement contente d'être là. Je peine d'ailleurs à m'exhorter à aller vite, car je rentre plus dans un état contemplatif que compétitif.
La descente sur Servoz est longue et superbe: je m'amuse beaucoup, tout en mangeant une poignée de fruits secs. J'ai plaisir à retrouver Helen, toujours souriante et sympathique.

Comme toutes les bonnes choses ont une fin, j'appréhende un peu la longue remontée vers le Prarion. Elle est d'autant plus longue qu'elle a été rallongée d'un km par rapport à 2012.
Finalement, cela passe bien, sans doute parce que le rythme que je m'impose n'est pas très rapide. Je découvre aussi que, mener une course un peu en dedans est quand même beaucoup moins dur - mentalement et physiquement - que mes courses habituelles, au cours desquelles je me fais vraiment violence.

L'arrivée au Prarion est superbe, comme toujours. 

Mes jambes ont un peu de mal à s'habituer à la descente qui suit et mes genoux grincent un peu, mais une fois lancée, tout se passe bien et j'apprécie vraiment la descente qui suit jusqu'aux Houches. Faire encore le tour du lac m'apparaît comme un peu superflu, mais je m'y prête de bonne grâce et me voilà enfin à l'arrivée, pas fière de moi mais contente de cette belle sortie!


J'ai sans doute pêché par optimisme en pensant que je pouvais m'entraîner dur pendant une semaine, puis prendre le départ d'une course en étant alerte et rapide. Certains peuvent le faire, pas moi. J'ai mesuré durant cette course combien la fraîcheur physique est importante et pas seulement en montée: je me suis sentie moins dynamique, moins agile, moins légère que d'habitude. C'est une bonne expérience en vue de la Réunion et de mes autres courses importantes.
Un immense merci à Helen, à ma famille et à tous ceux qui me soutiennent. Et un très grand bravo à tous les coureurs qui ont eu la joie de participer à cette course, et en particulier à Andrea, qui était bien la "patronne" ce jour là!